19 décembre 2016
Lourd climat au Vatican
"Notre visite à Rome du 16 au 23 novembre a été la plus dramatiques des nombreuses visites bisannuelles que nous y avons faites au cours de ces dix dernières années. Après avoir rencontré des cardinaux, des évêques et d'autres membres des dicastères et institutions vaticanes, John-Henry Western, notre nouveau journaliste à Rome, Jan Bentz et moi-même avons observé une tendance générale et omniprésente à l'anxiété et à une peur bien réelle chez les fidèles serviteurs de l'Eglise.Beaucoup redoutaient de perdre leur position, d'être licenciés de leurs emplois dans les institutions vaticanes ou bien de souffrir de graves réprimandes publiques ou d'accusations personnels de la part de l'entourage du pape ou même de François lui-même. Ils ressentent également un grand stress et de la peur devant les dommages occasionnés à l'Eglise, dommages qu'ils sont incapables d'arrêter.Vers la fin de notre visite, un clerc de haut rang a confirmé nos observations. Il a ajouté "On peut sentir la peur. Elle est tangible." Un autre, qui avait toujours été disponible pour aborder les crises difficiles, nous a immédiatement prévenu qu'il ne discuterait pas, même hors micro, des controverses actuelles. Il nous a été demandé de ne lui poser aucune question sur ces sujets. Vers la fin de notre visite nous avons pu aborder l'une de ces controverses et l'ampleur des informations qui lui étaient inconnues a pu être évaluée.La publication des lettres "dubia" par ceux que nous savons maintenant être six courageux cardinaux, silencieusement soutenus par 20 à 30 cardinaux, a très clairement initié une atmosphère accrue de peur et d'intimidation au Vatican.Le 23 novembre, le journaliste de LifeSiteNews Pete Baklinski a rapporté que l'évêque Athanasius Schneider a raconté avoir ressenti une "grande stupéfaction" devant ce qu'il a appelé la nature "inhabituelle ment violente et intolérante" de la réaction à ces lettres, ajoutant qu'une telle réaction est contraire à l'appel du Pape pour le "dialogue et l'accueil d'une légitime pluralité d'opinions".La papauté de François a créé à Rome une atmosphère très différente de celle des papes Saint Jean-Paul II et Benoît XVI, sous lesquels Rome était un lieu considérablement plus accueillant pour les guerriers de la Culture Catholique de la Vie que nous sommes.Un autre billet du 23 novembre informait que les cardinaux Burke et Pell ont été officiellement exclus de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements et que "la composition de la Congrégation a récemment été saignée, tandis que de nombreux progressistes ont été nommés en remplacement". Ceci a efficacement neutralisé et rendu silencieux le très orthodoxe Cardinal Sarah, dirigeant de la Congrégation.Le Cardinal Ouellet, chef de la Congrégation des Evêques, n'a également plus d'autorité réelle, alors que des exécutants nommés par François ont maintenant la haute main sur la nomination des évêques. Les évêques nommés actuellement sont pour la plupart tenants des vues les plus radicalement libérales, tels que les désormais cardinaux Cupich et Farell ou encore l'évêque de San Diego Robert McEltoy. Et bien entendu, il a été fait interdiction au Cardinal Pell de poursuivre sa pourtant nécessaire réforme des institutions et procédures financières du Vatican, toujours minées par la corruption (cette information provient d'une source indiscutable).L'Académie pontificale pour la vie, à l'origine fondée personnellement par le pape Saint Jean-Paul II et le non moins saint Professeur Jérôme Lejeune, a été transformée en profondeur et l'archevêque kasperite Vincenzo Paglia a été choisi par le pape François pour en prendre la tête. La condition originelle établie par Saint Jean-Paul II et par le Professeur Lejeune selon laquelle les membres de l'Académie devaient signer une déclaration affirmant qu'ils défendaient l'enseignement pro-vie de l'Eglise a été supprimée ; le mandat de l'Académie a été changé en un assortiment harmonieux se concentrant désormais sur les questions environnementales. L'appartenance à vie de beaucoup des éminents membres originaux de l'Académie a été révoquée. Ce n'est sans doute pas une coïncidence qu'un nombre significatif de ces membres d'origine, amis chers à Jean-Paul II et au Professeur Lejeune, ont été permis les critiques les plus sévères et les plus pointus du pape François.Claire Chretien a rapporté le 23 novembre que le pape François a encensé le théologien moral allemand Bernard Häring, l'un des plus importants opposants à l'encyclique Humanae Vitae du Pape Paul VI en 1968, pour sa nouvelle moralité, dont le pape a affirmé qu'elle aidait "la théologie morale à prospérer". Pouvez-vous imaginer l'impact de cette déclaration de François sur tous ceux à la curie et dans les institutions vaticanes, et sur tous les pasteurs du monde entier, qui tous ont reçu des papes Saint Jean-Paul II et Benoît XVI la consigne de défendre fermement Humanae Vitae ? Que va-t-il advenir d'eux désormais, dans le climat actuel de grave intimidation, s'ils poursuivent ce qui a pour eux été naturel durant des décennies en union avec les enseignements magistraux Catholiques sur le sujet de la contraception, enseignements qui courent depuis l'extrême origine de l'Eglise ?Dans son éditorial du prochain numéro du magazine de LifeSite Faithful Insight, John-Henry Westen expose d'autres choses qu'il a découvertes."... Les universités catholiques de Rome sont observées et les enseignements des professeurs sont examinés pour s'assurer de ce qu'ils sont en conformité avec l'interprétation libérale d'Amortis Laetitia. Les clercs sont dénoncés à leurs supérieurs si on les a entendus exprimer quelque inquiétude au sujet du pape François. Beaucoup ont peur de parler ouvertement, même ceux qui, par le passé, étaient toujours prêts à le faire. Des journalistes du Vatican nous ont dit avoir été avertis de nombreuses fois de ne pas avoir à parler des lettres dubia."C'est comme si la Rome catholique s'était changée en un état religieux policier en raison de ce que les lettres dubia sont perçues comme une grande menace pour certains agendas politiques.Le 1" décembre, dans un article sur le site OnePeterFive, le vaticaniste Maike Hickson a écrit :"J'ai entendu des témoignages selon lesquels le Vatican est comme un Etat occupé. Certaines des sources avec qui j'ai parlé craignent que les communications avec des officiels du Vatican soient espionnées ; certains ont même rapporté d'étranges anomalies lors de certaines conversations téléphoniques, lesquelles, après une interruption de l'appel, se poursuivaient par une boucle audio répétée encore et encore des derniers instants de la conversation. Certaines personnes qui travaillent au Vatican conseillent à leurs contacts extérieurs de ne pas partager d'informations sensibles par mail ou via les téléphones mis à disposition par le Vatican."Hickson poursuit en citant la réponse de l'estimé correspondant vaticaniste Ed Pentin à l'occasion d'une longue interview au site Reginamag.com et intitulée "Y a-t-il un règne de la terreur au Vatican ?" :"La réaction du pape, qui est allé jusqu'à mettre en cause la santé mentale des quatre cardinaux, a été interprétée comme une manifestation de sa propre colère d'avoir son agenda politique perturbé. Et au lieu de prendre les quatre cardinaux au mot (lesquels ont dit avoir agit avant tout par devoir de charité envers le Saint Père, par équité et par une profonde inquiétude pastorale), ceux-ci sont vus comme des adversaires. A ce que je sais, le Pape a également travaillé derrière la scène pour s'assurer de ce que son agenda politique ne serait pas contrarié. A partir d'article publiés stratégiquement dans l'Osservatore Romano ou par des réponses ambigües à ceux qui l'interrogent si ceux qui critiquent publiquement les dubia l'ont fait à sa demande, François se comporte, ainsi qu'un observateur a pu le dire, comme "un lobbyiste politique en coulisse". Dans les trois semaines qui ont suivi la publication des dubia, le pape a donné trois interviews aux médias planétaires, toutes ayant pour objectif de légitimer sa position et dénigrer ses critiques.Enfin, il est important de noter qu'en juxtaposant simplement les déclarations du pape et de ses alliés il est clair qu'il y a de considérables mensonges et tromperies à l'oeuvre en ce moment, ainsi que des calomnies et des atteintes à la réputation de ceux qui sont étiquetés "à droite" simplement parce qu'ils ont ouvertement critiqués Amoris Laetitia, ou même simplement évoqué ces critiques. Cela me peine sincèrement de dire tout ceci, parce qu'en tant que journaliste catholique l'on ne souhaite aucunement porter atteinte au ministère de Pierre, mais je pense que j'ai une obligation de rapporter ce qui est en train de se produire."Ce sont là des mots très forts de la part de ce vaticaniste impeccable, habituellement pondéré et très doux.
Dans un autre article sur LifeSiteNews, nous nous étions fait l'écho des propos de Monseigneur Athanasius sur la détérioration de la situation à Rome :
"La réaction aux dubia est la preuve de l'atmosphère dans laquelle nous vivons actuellement au sein de l'Eglise. Nous vivons dans un climat de menaces et de négation du dialogue à l'encontre de groupes spécifiques.
Schneider a poursuivi en disant que "le dialogue ne semble être accepté que si vous pensez comme tout le monde - il s'agit quasiment d'une dictature."
Schneider a évoqué son expérience de Russie, où il est né durant l'ère soviétique. Ses parents ont été envoyés en camp de travail, ou "goulags", par Staline après la seconde guerre mondiale. "Si vous ne suiviez pas la ligne du Parti, ou que vous la mettiez en doute, vous ne pouviez même pas poser de question. Il s'agit pour moi d'un parallèle très clair avec ce qui est en train de se produire actuellement lors des réactions aux dubia - c'est à dire aux questions des cardinaux."
Lors du petit rassemblement de presse avec le cardinal Cupich au North American College immédiatement après le consistoire, il y a eu un incident lié à ma question à Cupich pour LifeSiteNews.
Après les réponses insatisfaisantes du cardinal fraîchement nommé à deux questions d'Ed Pentin, mon tour de question est venu. Tandis que j'introduisais brièvement ma question, j'ai été brutalement interrompu par un officier de presse du Vatican, lequel m'intima : "posez la question !" Etant donné que cette introduction était brève, que la questions allait tout juste être posée et qu'il n'y avait que quelques journalistes dans la salle, cette interruption était totalement inappropriée.
J'ai immédiatement posé la question de l'animosité à laquelle ont été confrontés les critiques respectueux de François, question à laquelle le cardinal a étonnamment répondu en niant avoir connaissance d'une telle chose. Puis, quand John-Henry Westen a levé la main pour poser une question, une règle a été spontanément annoncée par le responsable de la presse : il a refusé de laisser John-Henry poser sa question en arguant de ce qu'une seule question était autorisée par agence de presse.
Cette soudaine nouvelle règle a provoqué un malaise parmi les représentants des autres médias. Quatre d'entre eux consécutivement n'ont pas pu non plus poser de nouvelle question en raison de cette nouvelle règle. Lorsque le dernier d'entre eux se fut à son tour vu opposer un refus, le cardinal Cupich lui dit "Pourquoi pas, puisque vos questions sont amicales ?" Et la question innocente fut autorisée.
L'hostilité croissante aux médias fidèles qui osent même questionner respectueusement les actions et les déclarations du Pape François et de son entourage a été particulièrement mise en évidence dans une dépêche Reuters du 7 décembre.
Reuters écrit : "Faisant usage de termes psychologiques précis, le pape François a dit que les médias à scandale risquaient de tomber victimes de coprophilie, ou excitation aux excréments, et que les utilisateurs de ces médias risquaient la coprophagie, ou ingestion d'excréments."
Ainsi, désormais, si cette traduction est correcte, comme la plupart le sont, si nous osons voir et rapporter des informations indubitablement intéressantes qui ne mettent pas le pape ou ses proches collaborateurs en valeur, nous sommes de la "presse à scandale", nous "mangeons des excréments" et sommes sexuellement excités par l'excrément consistant à rapporter des vérités inconfortables.
Comme un pape, le Vicaire du Christ, peut-il se livrer à des accusations aussi viles ? Qu'est-il donc advenu de "qui suis-je pour juger" ?
Cet article pourrait continuer encore et encore, avec de nombreux autres exemples, telle que cette information selon laquelle l'évêque catholique de rite grec Frangiskos Papamanolis, maintenant retraité, a accusé les quatre cardinaux des péchés d' "apostasie" et de "scandale", affirmant qu'ils reçoivent la communion de manière "sacrilège" puisqu'ils accroissent l'inquiétude à l'égard de l'écrit du Pape. Ou encore la réponse très libérale du Cardinal Cupich selon lequel les quatre saint cardinaux ont "besoin de se convertir".
Chaque jour, semble-t-il, il y a plus et pire hostilité orchestrée contre toute personne qui oserait soutenir respectueusement les loyaux cardinaux des dubia, contre toute personne qui oserait respectueusement questionner les actes et les déclarations du pape François, et contre toute personne qui oserait mentionner les enseignements limpides du Christ sur les absolus moraux, merveilleusement et excessivement développés par le pape Saint Jean-Paul II dans Faliliaris Consortio et dans Veritatis Splendor.
Nous devons nous demander vers quoi tout ceci nous mène. Tout ceci est profondément inquiétant. La phrase que nous avons entendu toute cette semaine à Rome est qu'il y a une "guerre" à l'oeuvre au sein de l'Eglise - une guerre des progressistes de "l'Esprit de Vatican II" contre les catholiques orthodoxes. Personne après personne, nous avons entendu ce mot être dit.
Je n'ai jamais rien expérimenté de tel de toute ma vie et je suis sûr que la plupart, sinon tous les lecteurs réguliers de LifeSiteNews, peuvent en dire autant."
Je n'ai jamais rien expérimenté de tel de toute ma vie et je suis sûr que la plupart, sinon tous les lecteurs réguliers de LifeSiteNews, peuvent en dire autant."
STEVE JALSEVAC